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Salonique : quand une ville juive accueillait chrétiens et musulmans
1. Une ville juive au cœur de l’Empire ottoman
De la fin du XVe siècle jusqu’au début du XXe, Salonique (aujourd’hui Thessalonique, en Grèce) est une ville à majorité juive dans un monde musulman — sous souveraineté ottomane.
Après l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492, l’Empire ottoman, sous Bayezid II, les accueille. Beaucoup s’installent à Salonique, au bord de la mer Égée.
En quelques décennies, ils deviennent la colonne vertébrale de la ville :
Ils sont majoritaires dans la population jusqu’au début du XXᵉ siècle (plus de 50% au XVIIe siècle),
Ils dirigent le commerce, les imprimeries, les corporations artisanales,
Ils parlent le judéo-espagnol (ladino), mais aussi grec, turc, et parfois français ou italien.
C’est l’un des seuls exemples d’une ville européenne durablement dirigée par une communauté juive, sous le regard bienveillant d’un État musulman.
2. Une cohabitation avec musulmans et chrétiens
Salonique ne fut jamais exclusivement juive. C’est une ville ottomane plurielle, avec :
des musulmans ottomans (fonctionnaires, soldats, artisans),
des chrétiens orthodoxes (Grecs, Bulgares, Albanais),
et parfois des Italiens catholiques, commerçants ou diplomates.
La cohabitation :
est structurée par le système ottoman des "millets" : chaque communauté gère ses affaires religieuses et civiles,
repose sur une répartition des quartiers, métiers et marchés, sans effacement ni fusion,
permet des alliances économiques, des réseaux intercommunautaires, et parfois des amitiés personnelles.
Il y a des musulmans logés chez des juifs, des chrétiens qui travaillent dans des imprimeries hébraïques, des médecins juifs qui soignent toute la ville.
3. Les juifs de Salonique : une majorité urbaine accueillante
Contrairement à l’image du juif minoritaire dans l’histoire européenne, les juifs de Salonique :
sont maîtres de corporations (port, boulangerie, textile),
dirigent les syndicats du port au XXe siècle,
et reçoivent des réfugiés d’Europe — y compris des musulmans des Balkans après les guerres des années 1910.
Des sources ottomanes et européennes du XIXᵉ siècle notent :
“La ville est juive par son esprit, son commerce, sa langue, ses murs.”
Mais cette position dominante ne se traduit ni par exclusion, ni par sectarisme :
des Grecs et Turcs travaillent dans des entreprises juives,
la presse ladino publie en parallèle des journaux en turc et grec,
des institutions philanthropiques juives soutiennent parfois des familles chrétiennes pauvres.
4. Entre communautés : tensions ponctuelles, paix quotidienne
Bien sûr, les relations ne sont pas sans frictions :
des émeutes anti-juives ont lieu ponctuellement, notamment en 1891 et 1911, dans un contexte de nationalisme chrétien grec croissant,
certains grecs orthodoxes dénoncent la “mainmise juive” sur le port,
la montée du sionisme et du nationalisme grec crée des méfiances mutuelles.
Mais sur plus de quatre siècles, la ville connaît une paix communautaire rare, fondée sur :
une interdépendance économique réelle,
un cadre légal ottoman protecteur,
une culture urbaine de la diversité.
5. Ce qu’en disent les historiens contemporains
Mark Mazower (Salonica, City of Ghosts) :
“Salonique fut la seule ville d’Europe où les juifs furent la majorité urbaine, et où ils exercèrent cette responsabilité sans sectarisme.”
Devin Naar (Jewish Salonica) :
“Les juifs de Salonique n’étaient pas une minorité tolérée. Ils étaient les hôtes — et parfois les protecteurs — des autres.”
Esther Benbassa :
“L’expérience ottomane de Salonique montre que des juifs peuvent non seulement cohabiter, mais gouverner avec bienveillance dans un monde religieux.”
6. Un effondrement tragique au XXe siècle
La chute de l’Empire ottoman, la guerre des Balkans, puis l’intégration de Salonique à la Grèce (1912) marquent un tournant :
le port est nationalisé,
les juifs sont soupçonnés de double loyauté (Grecs ou Ottomans ? Sionistes ou socialistes ?),
des lois discriminatoires apparaissent,
et en 1943, les nazis déportent 96% de la communauté juive de Salonique à Auschwitz.
Une ville jadis symbole d’accueil juif, détruite par les nationalismes et la haine raciale européenne.
Conclusion : une mémoire forte, une leçon oubliée
Salonique ne fut pas qu’un lieu de coexistence. Elle fut un lieu où la communauté juive majoritaire accueillait, gérait, protégeait parfois l’altérité.
Elle prouve que les juifs ne furent pas que tolérés dans l’histoire : ils ont aussi été garants de tolérance.
Et que parfois, la majorité peut être sage, ouverte, et hospitalière — même quand elle est minorisée partout ailleurs.
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