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Royaume d’Himyar (Yémen) : quand le pouvoir juif cohabitait avec le religieux pluriel
1. Arabie du Sud, avant l’islam : un judaïsme royal oublié
Entre le IVᵉ et le VIᵉ siècle ap. J-C, avant l’apparition de l’islam, le sud de la péninsule Arabique (actuel Yémen) est gouverné par un royaume arabisé et judaïsé : le royaume d’Himyar.
Ce royaume :
contrôle une partie de la route de l’encens et les échanges entre Afrique, Arabie et Inde,
abrite une population diverse : juifs, chrétiens, polythéistes, Arabes sédentaires et nomades,
et développe un pouvoir centralisé, militaire et religieux, revendiqué comme juif dès le IVᵉ siècle.
C’est un cas unique dans le monde antique : un royaume arabe officiellement juif, non diasporique.
2. Du monothéisme officiel à la tolérance relative
Au IVᵉ siècle, l’élite himyarite adopte le judaïsme — certains évoquent l'éventualité que ce soit pour se distinguer à la fois des Romains chrétiens au nord et du royaume chrétien d’Aksoum (actuelle Éthiopie) à l’ouest.
Mais ce judaïsme royal n’implique pas l’uniformité religieuse :
les himyarites ne forcent pas à la conversion des tribus locales,
les chrétiens d’Arabie continuent à exister, parfois protégés, parfois marginalisés,
les païens et tribus polythéistes arabes restent très présents.
Des inscriptions épigraphiques en sudarabique montrent que le roi se présente comme “serviteur du Dieu unique”, sans nommer la Torah — ce qui montre une forme de monothéisme politique, mais pas théocratique.
3. Chrétiens d’Arabie et pressions extérieures
À partir du Ve siècle, des communautés chrétiennes actives apparaissent en Arabie du Sud, notamment à Najrān, soutenues par l’Empire byzantin et le royaume d’Aksoum.
Le roi juif Yūsuf As’ar Yath’ar — connu dans la tradition islamique comme Dhū Nuwās — perçoit ces implantations comme des menaces politiques autant que religieuses.
En 523, il attaque Najrān, fait exécuter des dizaines de chrétiens (hommes, femmes et religieux). Cet épisode est :
raconté dans des sources syriaques chrétiennes (Chronique de Zacharie le Rhéteur),
mentionné dans le Coran (sourate al-Burūj, 85:4–9)
C’est un des rares cas de violence exercée par un pouvoir juif contre des chrétiens, largement condamné dans les sources ultérieures, y compris musulmanes.
4. Cohabitation, mais instable : entre liberté religieuse et logique impériale
Il serait faux de réduire Himyar à une dictature religieuse :
la période antérieure à Dhū Nuwās est marquée par plusieurs décennies de coexistence,
les inscriptions officielles côtoient symboles juifs, références chrétiennes et noms polythéistes,
les échanges commerciaux avec les juifs de diaspora, les chrétiens d’Aksoum et les Arabes païens se poursuivent.
Mais la géopolitique religieuse de la région pousse Himyar vers la polarisation :
les romains byzantins soutiennent les chrétiens,
les aksoumites (chrétiens éthiopiens) finissent par envahir Himyar en 525, en représailles aux massacres,
un gouverneur chrétien éthiopien est installé à Sanaa… jusqu’à l’arrivée de l’islam un siècle plus tard.
5. Ce qu’en disent les historiens contemporains
Christian Julien Robin (spécialiste de l’Arabie antique) :
“Le judaïsme himyarite est un phénomène singulier, autochtone, et royal. Il ne relève ni du rabbinisme, ni du prosélytisme.”
Glen Bowersock (The Throne of Adulis) :
“Himyar marque un moment unique où un pouvoir juif a tenté de se maintenir entre deux empires chrétiens, avec une stratégie autant politique que théologique.”
Michael Lecker :
“Le royaume d’Himyar représente un contre-modèle dans l’histoire juive : pouvoir, indépendance, et parfois persécution religieuse.”
Conclusion : un judaïsme politique au milieu des confessions
Le royaume d’Himyar montre que le judaïsme n’a pas toujours été minoritaire, ni silencieux. Il a pu, à un moment de l’histoire, tenir les rênes du pouvoir, affirmer une souveraineté religieuse, négocier avec l’altérité, et aussi — commettre des fautes.
Il incarne la complexité d’un pouvoir religieux dans un monde pluraliste, avec ses équilibres, ses erreurs, et son effacement.
Himyar ne fut pas un modèle. Mais il fut réel, et mérite d’être connu comme un chapitre oublié de l’histoire interconfessionnelle du Moyen-Orient.
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