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Origines du Christiannisme
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Le christianisme est aujourd’hui la religion la plus répandue au monde, comptant environ 2,4 milliards de fidèles. Pourtant, à l’origine, il ne s’agissait que d’un petit mouvement religieux juif marginal, apparu au sein du judaïsme complexe et divisé du Ier siècle, sans pouvoir politique ni corpus scripturaire définitif (Fredriksen, 2018). Comprendre ses débuts, c’est plonger dans une époque historique tendue, marquée par l’apocalyptisme juif, l’occupation romaine, les tensions sociales, ainsi qu'une intense attente messianique (Meier, 1991).
Ce premier article consacré aux origines historiques du christianisme pose les bases nécessaires à la compréhension du contexte historique de l’apparition de Jésus, du rôle central joué par ses premiers disciples, et des transformations progressives qui ont mené à la naissance d’une religion distincte du judaïsme (Ehrman, 2012).
1. Le contexte historique : la Palestine sous domination romaine
a) Un territoire sous haute tension
Au début du Ier siècle, la Palestine est une province occupée par l’Empire romain depuis sa conquête par Pompée en 63 av. J.-C. La domination romaine s'exerce notamment à travers des souverains locaux comme Hérode le Grand (règne : 37–4 av. J.-C.), puis ses successeurs, ainsi que par les procurateurs romains comme Ponce Pilate (préfet de Judée, 26–36 ap. J.-C.) (Goodman, 2007).
Cette domination politique, marquée par une fiscalité lourde, des humiliations répétées, et une violence régulière, exacerbe les tensions internes au judaïsme. Les différents groupes religieux juifs — Pharisiens, Sadducéens, Esséniens, Zélotes — s’opposent entre eux sur des questions fondamentales telles que la Loi, la collaboration avec les Romains, et les stratégies de résistance ou d'intégration (Goodman, 2007).
b) Une société religieusement polarisée et messianique
Selon Geza Vermes (1973), Jésus émerge dans un contexte d’effervescence religieuse intense, caractérisé par une attente messianique généralisée. Le peuple juif attend un « oint » (Mashiah/Messie), figure royale ou prophétique censée restaurer l’indépendance d’Israël et rétablir la justice divine (Collins, 1997).
La Torah demeure le cœur de l’identité religieuse juive, mais elle est interprétée de façon radicalement différente selon les groupes : les Esséniens de Qumrân, par exemple, attendent une apocalypse imminente et vivent dans une stricte observance rituelle ; les Zélotes prônent une résistance violente à Rome ; les Pharisiens privilégient une approche centrée sur la Torah orale et l’enseignement éthique (Collins, 1997 ; Vermes, 1973).
2. La figure historique de Jésus de Nazareth
a) Que peut-on historiquement savoir de Jésus ?
Les sources historiques principales sur Jésus proviennent des Évangiles canoniques (Marc, Matthieu, Luc, Jean), rédigés entre 70 et 100 ap. J.-C., ainsi que des lettres de Paul, rédigées dès les années 50 ap. J.-C. Des témoignages externes non chrétiens existent également, notamment chez Flavius Josèphe (vers 93 ap. J.-C.), Tacite, Suétone, ou Pline le Jeune au début du IIe siècle (Ehrman, 2012).
Aujourd’hui, un consensus historiographique clair existe sur plusieurs points essentiels :
Jésus est un personnage historique ayant réellement existé en Galilée au début du Ier siècle (Ehrman, 2012). Vous trouverez un article dédié à ce sujet sur notre média.
Il était un Juif galiléen, prédicateur itinérant probablement charismatique et guérisseur, qui fut crucifié à Jérusalem autour de l’an 30 ap. J.-C. sous la préfecture de Ponce Pilate (Meier, 1991).
Toutefois, certains points précis échappent à une certitude historique absolue :
La réalité historique et la nature exacte des miracles rapportés par les évangiles.
Le fait que Jésus ait explicitement revendiqué un rôle messianique ou une quelconque divinité personnelle.
La portée exacte de sa prédication eschatologique (fin des temps imminente ou transformation spirituelle ?) (Meier, 1991 ; Ehrman, 2012).
(La question de l’existence historique de Jésus est traitée spécifiquement dans un autre article consacré au sujet.)
b) Le cœur du message de Jésus : le Royaume de Dieu et une éthique radicale
Selon John Meier (1991), l’essentiel du message de Jésus tourne autour du thème central du « Royaume de Dieu » : une intervention divine imminente qui restaurerait la justice et transformerait profondément la réalité humaine. Jésus prêche en paraboles, fréquente les marginaux (pauvres, prostituées, collecteurs d’impôts), et critique vivement l’hypocrisie religieuse des élites sacerdotales et pharisiennes (Sanders, 1985).
La radicalité éthique de son message se résume dans des formules célèbres comme : « Aimez vos ennemis » (Matthieu 5,44), « Les derniers seront les premiers » (Matthieu 20,16), ou encore : « Le Royaume de Dieu est proche ; convertissez-vous » (Marc 1,15). Cependant, la signification concrète du « Royaume » annoncé par Jésus demeure discutée : était-ce un événement apocalyptique imminent, une transformation intérieure et spirituelle, ou un mélange complexe des deux dimensions ? (Sanders, 1985 ; Meier, 1991).
3. La crucifixion : une condamnation politique romaine aux conséquences majeures
a) Une exécution politique : pourquoi Jésus a-t-il été crucifié ?
La crucifixion était un supplice spécifiquement romain réservé aux rebelles et aux esclaves fugitifs. Jésus, accusé d’avoir prétendu à la royauté juive (Messie), fut exécuté pour raisons politiques par les autorités romaines, probablement en tant que perturbateur potentiel de l’ordre public dans une Jérusalem sous haute tension, particulièrement lors de la fête de la Pâque juive (Fredriksen, 2018).
La responsabilité exacte de l’exécution de Jésus fait débat historiquement : les Évangiles, écrits après la destruction du Temple (70 ap. J.-C.) dans un contexte de rupture avec le judaïsme, tendent à minimiser la responsabilité romaine et à souligner celle des autorités juives (Sanders, 1985). Historiquement cependant, la décision finale de crucifier Jésus relevait bien des autorités romaines, seules habilitées à appliquer la peine capitale dans la province occupée de Judée (Fredriksen, 2018).
b) La proclamation de la résurrection
La crucifixion de Jésus aurait pu marquer la fin définitive de son mouvement, comme cela fut le cas pour d’autres prétendants messianiques juifs de la même époque (Fredriksen, 2018). Or, c’est précisément après sa mort que se produit un tournant radical : ses disciples commencent à proclamer sa résurrection, affirmant qu'il est apparu vivant à certains d’entre eux (1 Corinthiens 15,5-8 ; Ehrman, 2014).
Cette proclamation de la résurrection représente un basculement théologique majeur. Au sein du judaïsme traditionnel, un Messie crucifié, mort comme un criminel, constituait un scandale et une contradiction totale avec les attentes messianiques dominantes. Pourtant, les disciples interprètent cette mort non comme un échec mais comme une étape nécessaire du salut divin, une interprétation radicalement novatrice (Meier, 1991).
Selon Paula Fredriksen (2018), c’est précisément cette proclamation paradoxale d’un Messie crucifié et ressuscité qui constitue le noyau central et original du futur christianisme.
4. Le rôle déterminant de Paul de Tarse dans l’expansion du christianisme
a) Du persécuteur au principal théologien du christianisme primitif
Paul de Tarse (connu aussi sous son nom juif Saül) joue un rôle absolument crucial dans l’évolution du mouvement chrétien primitif. D’origine juive mais profondément hellénisée, il commence sa carrière religieuse en persécutant violemment les disciples de Jésus, avant de connaître une conversion radicale après une expérience mystique sur le chemin de Damas vers l’an 35 ap. J.-C. (Galates 1,11-24 ; Meeks, 1983).
Devenu chrétien, Paul se consacre immédiatement à diffuser le message de Jésus auprès des non-Juifs (païens). Wayne Meeks (1983) explique que c’est largement grâce à Paul que le christianisme passe d’un mouvement essentiellement rural, juif et palestinien à une religion urbaine, transethnique, capable de toucher des communautés grecques et romaines dispersées dans l’Empire.
b) La justification par la foi plutôt que par la Loi : une rupture avec le judaïsme traditionnel
L’innovation majeure apportée par Paul réside dans sa théologie de la justification par la foi : pour Paul, c’est la foi en Jésus-Christ ressuscité et non l’observance stricte des commandements de la Torah (circoncision, règles alimentaires, respect du sabbat…) qui sauve les croyants (Galates 2–3 ; Romains 3–4 ; Sanders, 1977).
Cette affirmation théologique suscite des tensions profondes avec les premiers disciples restés attachés à la tradition juive stricte, tels que Pierre ou Jacques, qui maintiennent que les croyants d’origine juive doivent continuer à observer intégralement la Loi mosaïque. La scission entre chrétiens d’origine juive et chrétiens païens, évoquée explicitement dans l’Épître aux Galates, constitue une étape décisive dans l’émancipation progressive du christianisme par rapport au judaïsme (Fredriksen, 2018).
5. Une nouvelle religion ? Une émergence progressive et complexe
a) Une longue gestation : des judéo-chrétiens aux « chrétiens »
Le terme « chrétien » apparaît pour la première fois à Antioche vers les années 40-50 (Actes 11,26). Toutefois, cette identité distincte mettra plusieurs décennies à se préciser clairement. Pendant une grande partie du Ier siècle, les disciples de Jésus, appelés judéo-chrétiens, continuent à fréquenter le Temple de Jérusalem, à célébrer les fêtes juives, et à observer les commandements de la Torah (Boyarin, 2004).
Selon Daniel Boyarin (2004), ce n’est que progressivement, surtout au tournant du IIe siècle, que judaïsme et christianisme se définissent réciproquement en opposition, donnant lieu à des exclusions mutuelles, notamment dans les synagogues et les communautés locales dispersées à travers l’Empire romain.
b) Le tournant décisif de l’an 70 ap. J.-C.
La destruction du Temple de Jérusalem par les Romains en l’an 70 ap. J.-C. constitue un choc majeur, aussi bien pour les Juifs que pour les premiers chrétiens d’origine juive. Sans le Temple, le judaïsme doit se réinventer radicalement autour de la Torah orale et du rabbinat, tandis que le christianisme développe progressivement ses propres institutions religieuses : églises locales, clergé autonome, textes sacrés spécifiques (les Évangiles et les lettres apostoliques, bientôt reconnus comme Nouveau Testament) (Fredriksen, 2018).
Pour l’historien Shaye J.D. Cohen (1987), l’année 70 représente une date charnière essentielle dans la séparation progressive entre judaïsme et christianisme, chacun reconstruisant désormais son identité en opposition à l’autre.
Conclusion
Le christianisme émerge historiquement du judaïsme du Ier siècle, tout en s’en séparant progressivement. Il puise ses racines dans les Écritures juives, le monothéisme biblique, et les traditions prophétiques. Pourtant, il introduit une nouveauté radicale : la proclamation d’un Messie crucifié et ressuscité, qui devient la pierre angulaire d’une nouvelle religion transethnique ouverte à tous (Fredriksen, 2018 ; Meier, 1991).
Si ses origines historiques demeurent fragiles par leur complexité, elles sont néanmoins bien documentées historiquement et analysées de façon critique et rigoureuse. C’est précisément dans l’ambiguïté, la diversité, et la tension de ses débuts que le christianisme trouve la force de devenir, en seulement quelques siècles, une religion universelle majeure, capable de traverser les cultures, les empires, et les époques (Ehrman, 2014 ; Boyarin, 2004).
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