Ceci est notre premiere maquette ISSUE DE L'IA ET L'IH.
ameliorons ensemble ce projet, grace a notre intelligence collective et nos reseaux sociaux.
ce site une base de travail
Le Pacte de Médine : une charte interreligieuse aux origines de l’islam
1. Un moment charnière : l’arrivée à Yathrib (Médine)
En l’an 622, le Prophète Muhammad (ﷺ) quitte La Mecque sous la menace, accompagné d’un petit groupe de fidèles. Ce départ marque le début de l’Hégire, point de départ du calendrier islamique. La destination : Yathrib, une oasis multi-confessionnelle au nord de la péninsule Arabique, qui deviendra al-Madīna al-Munawwara – Médine.
Yathrib n’est pas une terre vide : c’est une société complexe, marquée par des conflits internes. On y trouve :
des tribus arabes païennes comme Aws et Khazraj, souvent rivales,
plusieurs tribus juives établies de longue date : Banū Qaynuqā‘, Banū al-Naḍīr, Banū Qurayẓa,
et une minorité de convertis à l’islam.
Face à cette diversité, le Prophète ne fonde pas immédiatement un État religieux. Il commence par établir un pacte de coexistence.
2. Un texte fondateur : la Constitution de Médine
Connu sous le nom de Ṣaḥīfat al-Madīna (la Charte de Médine), ce document est souvent considéré comme le premier pacte constitutionnel de l’islam, et sans doute l’un des premiers textes politiques interreligieux de l’histoire.
Il regroupe plus de 50 clauses et fixe les droits et devoirs de toutes les communautés de Yathrib. Parmi les principes notables :
Reconnaissance de la pluralité religieuse :
« Les juifs sont une communauté avec les croyants. Ils ont leur religion, et les musulmans la leur. » (Clause 25)
Solidarité et justice partagées :
Chaque groupe doit contribuer à la défense commune et au paiement du diyā (compensation en cas de conflit).Défense mutuelle en cas d’agression extérieure :
Une alliance militaire inclusive, incluant les musulmans et les tribus juives, pour protéger Médine.Interdiction de pactes séparés avec les ennemis :
Aucune tribu ne doit agir seule au détriment de la communauté.
Le Prophète (ﷺ) y est reconnu comme arbitre suprême en cas de litige, non en tant que chef religieux exclusif, mais comme autorité acceptée pour maintenir la paix.
3. Un pacte interreligieux, pas un pacte de conversion
Ce qui rend ce document remarquable, c’est qu’il n’impose pas l’islam. Il ne cherche pas l’unification religieuse, mais l’unité politique et sociale dans la diversité. Chrétiens et juifs ne sont ni marginalisés, ni placés sous domination forcée.
Il établit une forme de citoyenneté inclusive, où chaque groupe garde sa foi, son droit, ses usages – mais accepte des engagements communs.
4. Les limites historiques du pacte
Le pacte n’a pas été figé dans le marbre : au fil des années, des tensions surgiront, notamment avec certaines tribus juives. Des ruptures d’alliance, des accusations de trahison, et des conflits militaires ponctuels (comme celui impliquant Banū Qurayẓa) viendront assombrir l’idéal initial.
Mais ces événements postérieurs ne doivent pas effacer la nature fondamentalement pluraliste et coopérative du pacte à sa naissance.
5. Ce que disent les historiens contemporains
Le texte du Pacte de Médine – aussi appelé Charte de Médine (Ṣaḥīfat al-Madīna) – nous est parvenu par des sources musulmanes anciennes, en particulier la Sīra (biographie du Prophète) d’Ibn Ishaq, compilée au VIIIe siècle, et transmise principalement à travers la recension d’Ibn Hishām. Il est également cité dans d’autres sources comme Ibn Kathīr ou Abū ‘Ubayd.
Le texte complet comprend environ 47 à 52 clauses, selon les versions. Il est généralement divisé en deux segments :
une partie sur les relations entre les musulmans, notamment entre les Muhājirūn (émigrés) et les Anṣār (habitants de Médine),
une autre sur les relations avec les tribus juives et autres groupes non musulmans de la ville.
Des versions en arabe et des traductions en anglais ou en français sont accessibles dans plusieurs ouvrages spécialisés :
W. Montgomery Watt en propose une analyse dans Muhammad at Medina (1956), avec traduction partielle,
R.B. Serjeant, un orientaliste britannique, a publié une étude détaillée en 1978 (The Constitution of Medina), où il examine le texte clause par clause,
Fred Donner, dans Muhammad and the Believers (2010), en parle comme d’un document probablement authentique dans ses grandes lignes.
L’authenticité débattue, mais majoritairement admise
Bien que le document original ne nous soit pas parvenu sous forme manuscrite, la plupart des chercheurs considèrent que le texte tel qu’on le connaît reflète un pacte réel, établi à Médine dans les premières années après l’Hégire.
Les arguments en faveur de son authenticité incluent :
le style administratif du texte, très différent des hadiths ou du Coran (on y parle en termes juridiques, tribaux, politiques),
l’absence d’intérêt dogmatique direct : le texte n’impose pas l’islam, ne glorifie pas le Prophète, ce qui suggère une origine pragmatique plus qu’idéologique,
la concordance avec le contexte social de Médine, documenté aussi par d’autres sources.
Les critiques portent souvent sur la datation précise ou la formulation exacte de certaines clauses, mais pas sur l’existence globale du pacte.
Conclusion
Le Pacte de Médine est bien plus qu’un accord politique ancien. C’est une tentative concrète d’alliance intercommunautaire, dans une ville où cohabitaient déjà la diversité des croyances.
Il montre que, dès les débuts de l’islam, la coexistence n’était pas seulement tolérée : elle était contractualisée, pensée, organisée. C’est un modèle précieux, souvent ignoré, mais encore riche d’enseignements aujourd’hui.
Un média indépendant, pour agir concrètement
Contact
contact@eternels-apprentis.fr
© 2025. Tous droits réservés.