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Le miracle du Saint Qu'ran (Coran)
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I. Le Coran, miracle linguistique
L’un des arguments centraux des musulmans pour affirmer que le Coran provient de Dieu est sa langue elle-même : unique, inimitable, inépuisable.
Ce miracle (iʿjāz lughawī) a été défendu dès les premiers siècles de l’Islam comme preuve interne de sa nature Divine.
Un style inédit et sans précédent
Le Coran n’imite ni la poésie arabe, ni la prose rhétorique (sajʿ) utilisée dans les discours d’éloquence.
Il adopte un rythme propre, des assonances, un phrasé oscillant entre la narration, l’invocation, le serment et l’interpellation.
Al-Jurjānī (XIᵉ s.), dans Dalā’il al-Iʿjāz, insiste que « la beauté du Coran ne repose ni sur des figures classiques, ni sur la complexité, mais sur une disposition unique des idées et des mots. »
Le Coran ne suit aucune métrique classique des qasīda (poème arabe), tout en surpassant leur intensité émotionnelle et leur capacité à marquer l’auditeur.
Impact sur les contemporains
De nombreux Arabes du VIIe siècle, dont certains ennemis de l’islam, reconnaissent l’effet saisissant du texte coranique :
Al-Walīd ibn al-Mughīra, chef mecquois, dit du Coran :
“Il a une douceur, une beauté. Il surplombe et rien ne le surplombe.”
‘Utba ibn Rabī‘a, après avoir entendu la sourate 41 Fuṣṣilat, affirme :
“Ce n’est pas de la magie, ni de la poésie, ni de la folie. Il a un charme irrésistible.”
Ces témoignages sont considérés comme importants : dans une société de tradition orale et d’éloquence très valorisée, la reconnaissance du caractère “hors-norme” du texte est significative.
Réception et production jugée impossible à égaler par le Coran lui-même
Le Coran, selon ses exégètes et grammairiens, mobilise :
une syntaxe souple et novatrice,
des termes rares et puissants, parfois archaïques ou poétiques,
un enchaînement d’idées non linéaire mais fortement structuré,
une richesse d’interpellations, formules rythmiques, jurons et images métaphoriques.
Il se distingue donc non seulement par son contenu, mais par sa forme qui est en elle-même un mode d’action.
Études modernes
Des chercheurs non musulmans comme Arthur J. Arberry, dans sa traduction du Coran (1955), évoque « la grandeur stylistique du texte, inégalée dans toute la littérature arabe. »
Neal Robinson, dans Discovering the Qur’an, souligne que sa structure linguistique « défie les catégories classiques. »
II. L’inimitabilité du Coran (al-iʿjāz al-Qurʾānī)
Le Coran revendique explicitement être inimitable dans son style, sa forme et son contenu.
Ce concept (الإعجاز) désigne l’impossibilité pour quiconque de produire un texte équivalent, malgré les efforts, le savoir ou la maîtrise linguistique.
Il ne s’agit pas simplement d’un défi littéraire, mais d’un signe (āyah) divin.
Le défi coranique
Le Coran contient plusieurs appels directs à relever le défi :
(Traduction approximative de la sourate 2, al-Baqara, v. 23)
“Apportez donc une sourate semblable à ceci” (2:83)(Traduction approximative de la sourate 17, Al-isra, v. 88)
“Dites : même si les hommes et les djinns s’unissaient pour produire un Coran semblable, ils ne pourraient y parvenir” (17:88)
Ce défi est progressif :
Produire un Coran entier
Dix sourates (11:13)
Une seule sourate (2:23)
Les exégètes notent que malgré l’hostilité des Quraysh, réputés pour leur éloquence, aucun texte concurrent sérieux n’a émergé.
Des tentatives ultérieures (comme celle de Musaylima al-Kadhdhāb) sont vues comme caricaturales.
Inimitabilité multiple
Le caractère inimitable du Coran n’est pas réduit à la seule langue.
Les théologiens musulmans (Fakhr al-Dīn al-Rāzī, al-Bāqillānī) ont identifié plusieurs formes d’iʿjāz :
Inimitabilité linguistique : rythme, structure, agencement des mots
Profondeur sémantique : polyvalence et couches de sens
Précision doctrinale et absence de contradiction interne
Impact transformateur : mobilisation spirituelle et sociale
Contexte de révélation dynamique (asbāb al-nuzūl) : réponses immédiates, cohérentes et puissantes
Certains critiques occidentaux ont suggéré que le Coran serait simplement un chef-d’œuvre littéraire.
Mais des experts arabophones comme Martin Zammit (Université de Malte) écrivent :
“Même un lecteur critique ne peut ignorer que le texte du Coran dépasse la prose et la poésie conventionnelles arabes.”
Angelika Neuwirth, spécialiste du Coran à Berlin, affirme que :
“Le Coran représente un événement linguistique sans précédent, qui s’est imposé face aux formes littéraires concurrentes, en les absorbant tout en les transcendant.”
Études modernes
William Graham (Harvard) souligne dans Beyond the Written Word que la récitation du Coran ne peut être dissociée de son effet esthétique immédiat, oralement et intellectuellement.
Navid Kermani, écrivain germano-iranien non croyant, décrit le Coran comme un texte “où les limites du langage sont repoussées jusqu’à l’émotion brute.”
III. La transmission du Coran jusqu’à aujourd’hui
L’un des arguments majeurs avancés par les musulmans pour défendre l’origine Divine du Coran est sa transmission parfaitement fidèle, continue et collectivement garantie depuis sa révélation jusqu’à nos jours.
Le Coran se distingue des autres textes religieux par le fait d’avoir été mémorisé intégralement par des milliers d’individus dès la vie du Prophète Muhammad (ﷺ), et transmis oralement et par écrit, sans interruption ni perte.
Transmission orale (ḥifẓ)
Dès les débuts de l’islam, le Coran est mémorisé par les compagnons du Prophète (ﷺ). Il dictait les versets, et les répétait publiquement.
La tradition du ḥifẓ (mémorisation intégrale) a été institutionnalisée très tôt :
Compagnons mémorisateurs : ʿAbd Allāh ibn Masʿūd, Ubayy ibn Kaʿb, Zayd ibn Thābit, etc.
Chaque année, le Prophète (ﷺ) révisait le Coran intégralement avec l’ange Gabriel (al-ʿarḍa al-ākhira)
Le dernier Prophète de l'islam (ﷺ) validait oralement la récitation correcte devant la communauté
Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui :
Des chaînes de transmission (isnād) orales, continues, relient chaque récitant certifié à un maître, puis à un compagnon, jusqu’au Prophète (ﷺ).
Des millions de musulmans dans le monde ont mémorisé le Coran intégralement.
La récitation est contrôlée par des règles strictes de phonétique (tajwīd) et d’exactitude syllabique.
Un ḥāfiẓ (mémorisateur) ne peut enseigner qu’après avoir été certifié (ijāza) par un maître, lui-même porteur d’une chaîne de récitation remontant au Prophète Muhammad (ﷺ)
Cette chaîne (isnād) est documentée, publique, vérifiable, ce qui fait du Coran le seul texte religieux massivement récité et transmis à travers une tradition orale continue non interrompue.
Le système d’enseignement oral du Coran repose sur :
La correction mot à mot par un instructeur (shaykh)
Des sessions de révision intégrale devant plusieurs personnes
Un apprentissage accompagné de règles de phonétique codifiées (tajwīd) dès les premiers sièclesDes dizaines de ḥuffāẓ (mémorisateurs complets) vivaient à l’époque du Prophète (ﷺ), et leur nombre a constamment augmenté depuis.
La tradition de ḥifẓ est vivante et vérifiée jusqu’à aujourd’hui :
En 2024, on estime qu’il y a entre 10 et 15 millions de personnes ayant mémorisé le Coran en entier.
Chaque lecture publique du Coran (tarāwīḥ, mosquées) repose sur la vérification collégiale.
Un récitant ne peut enseigner ou certifier qu’après avoir été validé par une chaîne (sanad) de maîtres remontant au dernier Prophète de l'islam (ﷺ)
Transmission écrite
Le Coran était également consigné par écrit dès la Révélation, sur divers supports : omoplates, parchemins, pierres plates, feuilles de palmier.
Pendant la vie du Prophète (ﷺ) :
Zayd ibn Thābit et d'autres scribes officiels écrivaient la Révélation au fur et à mesure.
Le Prophète (ﷺ) corrigeait immédiatement si une erreur se glissait.
Après sa mort, sous le califat d’Abū Bakr, le Coran est rassemblé en un codex unifié, à l’initiative de ʿUmar ibn al-Khaṭṭāb et exécuté par Zayd.
Sous ʿUthmān (3ᵉ calife), cette version est recopiée et diffusée dans tout l’empire, avec des copies envoyées à Kufa, Bassora, Damas, Médine et La Mecque.
Manuscrits historiques
Des copies du Coran du VIIᵉ siècle sont toujours disponibles et correspondent au texte actuel :
Manuscrit de Ṣanʿāʾ (Yémen) : daté du 1er siècle de l’hégire (VIIᵉ siècle)
Manuscrit de Topkapi (Istanbul), de Samarcande (Ouzbékistan), et de Birmingham (datation carbone 14 entre 568–645)
→ Tous contiennent des parties identiques au texte standard actuel.
Le consensus sur le texte (muṣḥaf)
Les divergences de lecture (qirāʾāt) sont normées, recensées et admises par la science coranique :
10 lectures canoniques (nāfiʿ, ʿĀṣim, Ibn ʿĀmir, etc.), toutes transmises oralement avec chaînes continues.
Elles ne modifient ni le sens fondamental, ni le contenu doctrinal.
Études modernes
Michael Cook (Princeton) : “Le Coran est, dans une large mesure, un texte qui a été transmis avec une fidélité remarquable par rapport à d'autres textes religieux.”
Angelika Neuwirth (Université de Berlin) : “La tradition musulmane de transmission textuelle est l’une des plus rigoureuses de l’histoire du livre.”
Les musulmans soutiennent que le Coran, texte central de l’islam, a été intégralement transmis, inchangé, depuis sa révélation au Prophète Muhammad (ﷺ) jusqu’à aujourd’hui.
Ce double argument de transmission fidèle et de préservation textuelle est considéré comme une preuve rationnelle de son origine divine, car aucun autre texte religieux ancien n’a conservé une telle stabilité.
V. La structure symétrique du Coran : architecture littéraire et cohérence interne
Contrairement à la perception commune d’un texte sans ordre chronologique ou narratif linéaire, le Coran présente une architecture profonde, structurée par un réseau complexe de symétries, miroirs, reprises, encadrements et équilibrages internes.
Cette organisation, appelée en arabe al-naẓm ou muʿjizat al-binyān, est considérée par de nombreux savants comme une preuve de conception surhumaine, inaccessible à une élaboration humaine spontanée.
1. Une organisation en miroir : quand le Coran se structure comme un cercle
À première vue, le Coran peut sembler fragmenté. Mais dans plusieurs sourates, on trouve une organisation circulaire et réfléchie : les thèmes sont présentés dans un ordre, puis repris dans l’ordre inverse.
C’est ce qu’on appelle une structure en anneau (ou chiastique).
Exemple concret : Sourate al-Baqara (sourate 2)
C’est la plus longue sourate du Coran, avec 286 versets.
Elle suit un plan très particulier :
A. Introduction : foi, loi, responsabilité du peuple juif
B. Histoire d’Adam (exemple d’un premier choix moral)
C. Lois pour la communauté musulmane (qibla, aumône, jeûne, pèlerinage…)
D. Verset central : Ayat al-Kursī (v.255), qui parle de Dieu Lui-même
C’. Suite des lois : commerce, dettes, lutte contre l’usure
B’. Histoire d’Abraham (modèle de foi et soumission)
A’. Conclusion : foi, législation, responsabilité de la communauté musulmane
Pourquoi est-ce impressionnant ?
Parce que ces 286 versets, révélés progressivement, forment un tout équilibré, comme si chaque idée avait été posée à un endroit bien précis — avec un centre exact.
C’est comme si un discours oral prononcé sur plusieurs mois suivait une symétrie mathématique et théologique parfaite, sans que cela soit annoncé ou visible au premier abord.
2. Des petites sourates aux structures parfaitement équilibrées
Même les sourates très courtes suivent ce type d’organisation interne.
Exemple : (Traduction approximative de la Sourate al-Kawthar (sourate 108)
“Nous t’avons certes donné l’Abondance.”
“Prie ton Seigneur et sacrifie.”
“Celui qui te hait est certes sans postérité.”
Lecture classique ? Trois phrases sans lien.
Mais à la relecture :
Le verset 1 = un don de Dieu
Le verset 2 = une réponse attendue : prière et sacrifice
Le verset 3 = un retour sur l’hostilité humaine : rejet de Dieu de ceux qui rejettent le dernier prophète musulman (ﷺ) (le tafsir permet de comprendre que le contexte précis de la révélation dans cette sourate est en réponse à certains qui se moquaient de Muhammad (ﷺ) et qu'ils disaient que le prophète (ﷺ) serait sans postérité)
→ Résultat : une forme A – B – A’, parfaitement centrée sur l’attitude spirituelle attendue.
Pourquoi est-ce fort ?
Parce que même une sourate de 10 mots suit une construction thématique complète, en trois mouvements réfléchis, équilibrés. Ce n’est pas une juxtaposition de phrases, mais un petit poème structuré dans le sens et la forme, transmis oralement et sans outil d’écriture.
3. Équilibres lexicaux
Le mot “jour” (al-yawm) apparaît 365 fois, soit le nombre exact de jours dans une année solaire.
Le mot “mois” est mentionné 12 fois, comme les 12 mois de l’année.
“Vie” (ḥayāt) et “mort” (mawt) sont mentionnés chacun 145 fois.
“Femme” et “homme” sont cités 23 fois chacun (chaque parent apporte 23 chromosomes à l’enfant).
“Dunya” (la vie terrestre) et “ākhira” (l’au-delà) apparaissent tous deux 115 fois.
“Malāʾika” (anges) et “shayṭān” (diable) : 88 occurrences chacun.
“Patience” (ṣabr) et “reconnaissance” (shukr) : 90 fois chacun.
“Zakat” (aumône obligatoire) et “baraka” (bénédiction) : 32 fois chacun.
“Sadaqa” (aumône volontaire) et “ajr” (récompense) : 73 fois chacun.
“Faḥisha” (turpitude) et “maʿrūf” (bien reconnu) : 24 fois chacun.
“ʿAql” (raison/intelligence) et “nūr” (lumière) : 49 fois chacun.
“Jihād” (lutte/effort) et “masājid” (mosquées) : 28 fois chacun.
4. Une logique discrète entre les sourates : transitions fluides, sens reliés
Une autre forme de structure invisible : les passages entre les sourates.
Elles semblent indépendantes, mais à y regarder de plus près, la fin d’une sourate prépare souvent le début de la suivante.
Exemple : de la sourate 1 (al-Fātiḥa) à la 2 (al-Baqara)
La sourate al-Fātiḥa se termine par une prière :
“Guide-nous vers le droit chemin.”
La sourate al-Baqara commence immédiatement par une réponse :
“Voici le Livre en lequel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux.”
Autrement dit, la demande de guidance reçoit une réponse explicite dès le verset suivant.
D’autres transitions entre sourates fonctionnent sur le même modèle :
un mot repris,
une idée prolongée,
ou un contraste volontaire (ex. : après une sourate sur la justice vient une sur la miséricorde).
Pourquoi est-ce notable ?
Parce que le Coran a été révélé sur plus de 20 ans, dans des circonstances variées, puis organisé à la fin selon un ordre non chronologique, mais riche de ces enchaînements internes.
Ce filet invisible entre les chapitres suggère une maîtrise globale du texte, d’un bout à l’autre.
5. Études modernes
Raymond Farrin, professeur à l’Université américaine du Koweït, dans Structure and Qur’anic Interpretation (2009), démontre que plusieurs sourates entières (dont al-Baqara, al-Mu’minūn, al-Kahf) suivent une composition symétrique rigoureuse.
“Le Coran ne suit pas un chaos apparent, mais un ordre complexe, profond, construit comme une œuvre musicale à plusieurs niveaux.”
Neal Robinson, dans Discovering the Qur’an :
“L’impression de désordre initial masque une orchestration thématique intentionnelle.”
Le Coran, à première vue, ne suit ni un ordre chronologique, ni un récit linéaire. Pourtant, de nombreux chercheurs et exégètes ont découvert qu’il est profondément structuré.
Certaines sourates suivent une organisation en miroir, d’autres présentent des équilibres précis dans les mots ou les thèmes, et même les transitions entre chapitres révèlent une logique interne.
Ces éléments ont conduit plusieurs savants musulmans à y voir une architecture littéraire surnaturelle, qui renforce l’idée que le Coran ne peut venir que d’un savoir divin.
Cette organisation interne du texte, invisible à une lecture superficielle mais confirmée par des analyses structurelles poussées, est interprétée comme une preuve de non-fabrication humaine.
Ni le Prophète Muhammad (ﷺ), ni ses compagnons ne sont connus pour avoir reçu une éducation scripturale ou développé une théorie littéraire.
La profondeur organisationnelle, retrouvée dans tout le corpus coranique, demeure pour beaucoup une signature rationnelle du Divin.
VI. Le Naẓm coranique : une cohérence thématique sans plan visible
Le mot naẓm en arabe désigne l’acte d’organiser, relier, harmoniser.
Dans le contexte du Coran, il désigne la manière dont les versets et les passages, bien que révélés à différents moments et sans plan apparent, présentent une cohérence logique, rhétorique et spirituelle remarquable.
Ce phénomène est d’autant plus impressionnant que le Coran :
a été révélé sur 23 années,
dans des situations très diverses (guerres, paix, prière, polémiques, questions de droit),
sans qu’un plan d’ensemble ou un auteur humain unique n’ait rédigé ou réorganisé le tout par la suite.
Et pourtant, les versets semblent dialoguer entre eux, se répondre, se compléter, ou créer des tensions contrôlées qui amènent à des clarifications profondes.
1. Une logique par association d’idées
Le Coran ne suit pas une progression linéaire, mais plutôt une logique associative : une idée appelle une autre, un mot-clé ouvre sur un autre thème lié, un récit est interrompu pour faire place à un principe, puis repris.
Exemple : dans la sourate al-Baqara (sourate 2), des versets juridiques sur le jeûne sont suivis de réflexions sur l’invocation (verset186), puis reviennent au jeûne — sans rupture de sens, mais avec une cohérence spirituelle qui relie la pratique à l’intimité avec Dieu.
Les exégètes musulmans considèrent que ces associations ne sont pas désordonnées, mais intentionnelles : elles créent un rythme intellectuel et spirituel qui oblige le lecteur à rester actif, à chercher le lien, à réfléchir.
2. Des récits fragmentés mais complémentaires
Le Coran raconte souvent les mêmes histoires (Noé, Moïse, Joseph, Jésus…) en les répétant partiellement dans plusieurs sourates, mais jamais exactement de la même manière.
Chaque version met en lumière un aspect nouveau du message :
L’histoire de Moïse est racontée plus de 20 fois. Parfois c’est la lutte contre Pharaon qui est centrale, parfois l’épreuve au Sinaï, parfois la patience face à son peuple.
Chaque passage correspond à un contexte de révélation spécifique, mais contribue à un portrait cohérent de Moïse comme prophète courageux, persévérant, proche de Dieu.
Les récits ne sont donc pas épars, mais multifacettes, comme un même diamant observé sous différents angles.
Cette méthode pédagogique est perçue comme supérieure à une narration linéaire classique, car elle fait appel à la mémoire, à la réflexion croisée et à l’interprétation profonde.
3. La cohérence par thèmes transversaux
Certains thèmes fondamentaux du Coran sont abordés dans toutes les parties du texte, de manière répétée mais jamais contradictoire.
Par exemple :
La Miséricorde de Dieu (ar-Raḥma)
La responsabilité Humaine (taklīf)
La foi et l’épreuve (fitna / ṣabr)
La vérité révélée (ḥaqq)
La fin des injustes (ẓālimūn)
Ces thèmes sont déclinés dans des contextes juridiques, narratifs, moraux ou théologiques, mais toujours dans une logique d’ensemble.
Cette capacité à garder une cohérence de fond malgré la variété de formes est ce que des théologiens musulmans décrivent comme le sceau du naẓm.
4. Études classiques et modernes
Al-Jurjānī (XIe siècle) fut l’un des premiers à développer la notion de naẓm dans son œuvre Dalā’il al-Iʿjāz. Il explique que la beauté du Coran ne tient pas à des ornements de style, mais à la manière organique dont les mots, les idées et les émotions se tiennent ensemble.
Fakhr al-Dīn al-Rāzī (XIIe siècle) insiste sur la “connexion subtile” entre chaque verset et le suivant, même lorsque cela n’est pas visible d’emblée.
Mustansir Mir, universitaire contemporain, affirme que la structure du Coran est “intellectuellement exigeante mais d’une unité profonde”. Il souligne que chaque sourate, même apparemment dispersée, développe une ligne directrice qu’on peut reconstruire.
VII. Le Coran et les sciences : certains arguments concordistes
De nombreux musulmans affirment que le Coran contient des allusions à des phénomènes naturels qui n’ont été scientifiquement compris que des siècles plus tard, et qu’un homme du VIIᵉ siècle, sans formation savante, n’aurait pu anticiper.
Cette lecture, dite concordiste, consiste à interpréter certains versets à la lumière des connaissances scientifiques modernes, non pour faire de la science à partir du Coran, mais pour y voir des formulations étonnamment précises.
1. L’origine commune des cieux et de la terre (Big Bang)
(Traduction approximative de la sourate Al-Anbiyāʾ, 21:30)
“Ceux qui ont mécru ne voient-ils pas que les cieux et la terre formaient une masse compacte, et que Nous les avons séparés ?”
(21:30)
Ce verset parle d’une unité initiale suivie d’une séparation, ce que certains rapprochent du modèle du Big Bang, où l’univers était concentré en un point, avant une expansion soudaine.
Le mot utilisé (ratqan) évoque quelque chose de soudé, compact, et "fataqnāhumā" signifie fendre, séparer avec force.
2. L’expansion de l’univers
(Traduction approximative de la sourate 51 adh-Dhāriyāt, 51:47)
“Et le ciel, Nous l’avons construit par Notre puissance, et Nous l’élargissons sans cesse.”
(51:47)
Le verbe nūsiʿu signifie “élargir, étendre” au présent.
Cette formulation correspond à la découverte de l’expansion de l’univers (Edwin Hubble, 1929), établie comme un fait en cosmologie moderne.
3. Le développement embryonnaire humain
(Traduction approximative de la sourate al-Insān, 76:2)
“Nous avons certes créé l’homme d’une goutte de sperme mélangé, que Nous mettons à l’épreuve, puis Nous le faisons entendre et voir.”
(76:2)
(Traduction approximative de la sourate al-Mu’minūn, 23:14)
“Ensuite, Nous l’avons fait en une adhérence, puis Nous avons créé l’adhérence en un embryon, puis Nous avons créé l’embryon en os, et Nous avons revêtu les os de chair...”
(23:14)
Les termes utilisés :
nutfah : liquide fécondant
ʿalaqah : littéralement “ce qui s’accroche”, “suspendu”, aussi “sanguinolent”
muḍghah : “morceau mâché” (forme évoquée dans certains stades embryonnaires)
Certains gynécologues (comme Keith Moore qui s'est particulièrement intéressé à ce fait) ont affirmé que ces descriptions étaient remarquablement conformes aux étapes précoces du développement humain, dans un langage pré-moderne.
4. L’origine aquatique de la vie
(Traduction approximative de la sourate 21, al-Anbiyāʾ, 21:30)
“Et Nous avons fait de l’eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ?”
(21:30)
Un énoncé simple, mais en accord avec le fait biologique que l’eau est essentielle à toute cellule vivante. L’idée que l’eau est la base commune du vivant n’était ni connue ni intuitive dans l’Arabie du VIIe siècle.
5. Les montagnes comme stabilisateurs
(Traduction approximative de la sourate 21, al-Anbiyāʾ, 21:31)
“Et Nous avons placé des montagnes sur la terre afin qu’elle ne tremble pas avec eux...”
(21:31)
Des géologues musulmans interprètent cela comme une image de la fonction stabilisatrice des montagnes, en lien avec le phénomène d’isostasie (équilibre des masses continentales sur le manteau terrestre).
Le Coran parle aussi des montagnes comme ayant des racines profondes (cf. Sourate 78:6–7), ce qui peut évoquer la pénétration des chaînes montagneuses dans la croûte.
6. Le ciel comme protection
(Traduction approximative de la sourate 21, al-Anbiyāʾ, 21:32)
“Et Nous avons fait du ciel un toit protégé, et pourtant ils s’en détournent.”
(21:32)
Des exégètes relient cela à la couche d’ozone qui protège la terre des rayonnements ultraviolets, ou encore au champ magnétique terrestre qui dévie les vents solaires et les particules dangereuses.
7. La barrière entre eaux douces et salées
(Traduction approximative de la sourate 55, ar-Raḥmān, 55:19-20)
“Il a laissé libre cours aux deux mers pour se rencontrer. Il y a entre elles une barrière qu’elles ne dépassent pas.”
(55:19–20)
Cette “barrière” est interprétée comme un phénomène physique observé là où les eaux douces (fleuves) rencontrent les eaux salées (océans), avec une zone de transition appelée halocline.
Le Coran affirme aussi que cette séparation est invisible mais réelle — ce que les océanographes ont mesuré.
Études et limites
Ces versets sont cités par des chercheurs musulmans comme Zaghloul al-Najjar, Maurice Bucaille, ou Abdullah al-Muslih, mais certains cas restent ouverts au débat.
Des critiques (musulmans et non musulmans) rappellent que ces versets sont poétiques, souvent ambigus, et qu’il ne faut pas leur forcer un sens moderne.
Mais les partisans du concordisme répondent que :
ces formulations sont clairement distinctes de la cosmologie ancienne (terre plate, ciel solide, etc.),
elles sont compatibles avec la science actuelle sans nécessiter de corrections,
elles sont formulées sans erreur flagrante, malgré un contexte historique sans connaissance scientifique.
Le Coran ne se présente pas comme un livre de science, mais plusieurs versets semblent pointer vers des vérités naturelles que la science n’a établies que bien plus tard.
Cette convergence, dans un langage symbolique mais précis, est vue comme une preuve indirecte mais frappante d’origine divine — car la probabilité de “coïncidences heureuses” cumulées, sans erreur scientifique, devient rationnellement questionnable.
VIII. Beauté littéraire et musicale du Coran : une poésie atypique
Le Coran n’est ni un recueil de poèmes, ni une prose classique, ni un traité de philosophie. Et pourtant, il a bouleversé des poètes, interpellé des orateurs, conquis des peuples entiers — simplement par sa récitation.
Les croyants musulmans y voient une forme de poésie impossible à imiter, qui dépasse les catégories littéraires humaines. Ce phénomène constitue un aspect fondamental de l’argument de son origine divine : sa beauté n’est pas explicable par les standards habituels de la rhétorique arabe.
1. Un style hors des cadres classiques
À l’époque de la révélation, la langue arabe était à son apogée poétique.
Les poètes arabes — comme Imru' al-Qays, Zuhayr, Labīd — composaient en mètres fixes, avec des rimes régulières, selon les règles de la qasīda.
Or, le Coran n’utilise aucune de ces règles :
il ne suit aucune métrique traditionnelle,
ses versets ont des longueurs variables,
la rime y est libre mais omniprésente,
il varie entre rythme solennel, prières, ordres, paraboles, invocations.
Cette forme nouvelle a déconcerté les meilleurs orateurs mecquois, qui ont reconnu sa beauté tout en refusant d’en accepter le message.
2. Réactions
Des témoignages de l’époque montrent l’impact émotionnel immédiat de certains versets :
Al-Walīd ibn al-Mughīra, notable mecquois :
“Il a une douceur, un charme. Il surplombe tout et rien ne le surplombe.”
ʿUtba ibn Rabīʿa, après avoir entendu sourate Fuṣṣilat, dit :
“Ce n’est pas de la magie, ni de la poésie, ni de la folie. Mais je ne peux y répondre.”
Labīd ibn Rabīʿa, poète renommé, entend un verset et abandonne la poésie.
Cet effet immédiat, sans explication technique, est interprété comme une forme de puissance verbale transcendante.
3. Un texte conçu pour être récité
Le Coran se distingue des autres textes sacrés par le fait qu’il est avant tout oral :
Il est récité dans les prières, les études, les commémorations
Il est mémorisé mot à mot par des millions de personnes
Son musicalité naturelle, même sans accompagnement, est perçue comme apaisante, frappante ou bouleversante
De nombreux non-arabophones déclarent ressentir des émotions fortes à l’écoute du Coran, avant même de le comprendre.
Les voyelles longues, les rimes finales, les changements de rythme participent à créer une forme sonore unique, étudiée aujourd’hui en linguistique comme "prose rythmée sacrée".
4. Études modernes
Arthur J. Arberry, traducteur du Coran :
“Le Coran possède un ton unique, impossible à reproduire en anglais. C’est une musique divine.”
Neal Robinson :
“La forme du Coran est conçue pour frapper l’oreille et l’âme.”
Michael Sells, spécialiste de la mystique arabe, parle d’effet esthétique surnaturel, construit par l’alternance de tension et relâchement, répétitions et surprises.
5. Impact durable
Des millions de personnes ont embrassé l’islam uniquement après avoir écouté le Coran.
Il a été à l’origine de la naissance de la langue arabe classique, de la grammaire, de la poésie mystique.
Certains versets sont mémorisés depuis l’enfance jusqu’à la mort, et cités dans toutes les étapes de la vie.
Le Coran dépasse les classifications humaines : ni prose, ni poésie, ni chant, mais quelque chose d’autre.
Sa forme elle-même, sa sonorité, son impact émotionnel sont perçus comme un miracle rationnel, car inexplicables par le contexte culturel, social ou linguistique du Prophète Muhammad (ﷺ).
Pour les musulmans, cette puissance esthétique est un argument de plus : le Coran ne vient pas d’un homme, mais d’un Dieu qui parle dans la langue des hommes, sans jamais l’imiter.
IX. Les effets transformateurs du Coran sur les sociétés et les individus
Au-delà de son contenu doctrinal ou stylistique, le Coran a eu un impact radical sur ceux qui l’ont entendu, cru, transmis et appliqué.
Ce pouvoir de transformation — intime, collective, continue — est perçu par beaucoup de musulmans comme une preuve de sa provenance divine : un simple texte ne peut provoquer de tels bouleversements, sur des siècles, à l’échelle humaine et civilisationnelle.
1. Transformation intérieure immédiate
De nombreux récits authentiques racontent comment l’écoute de quelques versets a radicalement changé la trajectoire de certaines personnes :
ʿUmar ibn al-Khaṭṭāb, initialement opposant de l’islam, se convertit après avoir entendu quelques versets de la sourate Ṭā-Hā.
Poètes arabes célèbres (Labīd, Kaʿb ibn Zuhayr) abandonnent leur art après avoir entendu le Coran, le qualifiant d’“inimitable”.
Des générations de musulmans affirment que la récitation du Coran leur a permis de sortir de comportements destructeurs, de l’addiction, de la haine ou du désespoir.
→ Ce pouvoir de renversement moral immédiat, souvent inattendu, constitue pour beaucoup un signe.
2. Révolution sociale sans précédent
La société arabe préislamique était fortement tribale, hiérarchisée, parfois brutale.
Or, en moins d’une génération, le Coran a transformé :
l’égalité religieuse entre Arabes, Perses, Noirs, esclaves, femmes et riches,
la condamnation explicite des infanticides,
l’institution de l’aumône obligatoire (zakāt),
la sacralisation du savoir,
la remise en cause du culte des idoles et de l’injustice tribale,
la construction d’une fraternité fondée sur la foi plutôt que sur les liens de sang.
Cette mutation, historiquement datée et documentée, est vue comme anormalement rapide et profonde, comparée à d'autres transitions culturelles.
3. Naissance d’une civilisation savante
En quelques siècles, des peuples qui n’avaient ni écriture centralisée ni science académique ont produit :
des grammairiens, astronomes, physiciens, mathématiciens, juristes, théologiens, mystiques ;
des bibliothèques colossales à Bagdad, Cordoue, Le Caire, Damas ;
des universités comme al-Qarawiyyīn, al-Azhar, ou Bayt al-Ḥikma ;
des traductions de tout l’héritage grec, perse, sanskrit, syriaque.
Tout cela motivé par le Coran, qui encourage l’observation, la lecture, la contemplation, l’étude.
“Lis, au nom de ton Seigneur…” (96:1)
“Parmi Ses signes, la diversité de vos langues et couleurs…” (30:22)
4. Expériences modernes similaires
Aujourd’hui encore, dans des contextes non arabes :
Des convertis rapportent avoir été profondément touchés par un seul verset, même sans le comprendre à 100%.
Des prisonniers, artistes, chercheurs ou personnes sans éducation religieuse déclarent que la récitation du Coran les a stabilisés émotionnellement, transformés éthiquement, voire sauvés de la rupture intérieure.
Des peuples en guerre, en exil, ou sous oppression (ex : Bosnie, Palestine, Afrique subsaharienne, Rohingyas) s’attachent au Coran comme source de résistance morale et d’identité apaisante.
5. Études et témoignages
Michael Sells (University of Chicago) parle du Coran comme d’un texte qui “ébranle émotionnellement par la forme même du discours.”
Des psychiatres et anthropologues (dont Scott Kugle, musulman, Oxford) notent que le Coran a un rôle stabilisateur et identitaire profond chez les jeunes croyants.
Des témoignages de non-musulmans (dont Roger Du Pasquier) expriment leur surprise devant l’effet psychologique immédiat du Coran, même en traduction.
Conclusion
Le Coran n’a pas simplement été un texte fondateur : il a changé des vies, des sociétés, des civilisations.
Ce pouvoir de transformation — éthique, intellectuelle, psychique, communautaire — est souvent cité comme un signe rationnel d’origine divine : un simple discours humain, aussi sage soit-il, ne bouleverse pas le monde entier pendant 14 siècles de manière aussi continue.
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