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Aux origines de l'islam
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L’islam apparaît au début du VIIᵉ siècle en Arabie à travers la prédication d’un homme nommé Muhammad ibn ‘Abd Allâh (ﷺ). Selon la tradition musulmane, Muhammad (ﷺ) est le dernier prophète envoyé par Dieu pour transmettre à l’humanité la révélation coranique, parole éternelle et incréée d’Allah. Pour les historiens, il représente également une figure majeure de l’Histoire mondiale : fondateur d’une religion, mais aussi d’une nouvelle société, d’un empire en devenir et d’une civilisation à vocation universelle (Watt, 1961 ; Donner, 2010).
Cet article explore les origines historiques de l’islam en retraçant la vie de Muhammad (ﷺ) tout en distinguant clairement les perspectives religieuses traditionnelles et les approches critiques historiques contemporaines.
1. L’Arabie préislamique : contexte social, politique et religieux
a) Organisation sociale : la société tribale arabe
Avant l’apparition de l’islam, au VIᵉ–VIIᵉ siècle, la péninsule Arabique ne constitue pas un État centralisé mais une mosaïque de tribus, nomades ou sédentaires, reliées par des liens familiaux ou tribaux très forts (Watt, 1953). Ces tribus arabes sont structurées selon un code de l’honneur (sharaf), fondé sur la généalogie (nasab), l’allégeance tribale, et la protection réciproque (hilf). La Mecque, ville où Muhammad (ﷺ) naît vers 570, constitue alors un carrefour commercial essentiel contrôlé par la tribu puissante des Quraysh (Hoyland, 2001).
Selon l’historien Fred Donner (2010), cette structure tribale sera à la fois un obstacle et un vecteur puissant dans la diffusion du message islamique.
b) Le paysage religieux complexe de l’Arabie préislamique
L’Arabie du VIIᵉ siècle est religieusement diversifiée :
La majorité des Arabes sont polythéistes, pratiquant des cultes locaux à des divinités telles que al-Lât, al-‘Uzzâ ou Manât, vénérées notamment à La Mecque autour de la Ka‘ba (Hawting, 1999).
On trouve aussi des communautés juives installées en particulier à Yathrib (future Médine), où elles pratiquent un judaïsme arabisé mais attaché à ses écritures sacrées (Hoyland, 2001).
Des communautés chrétiennes sont présentes dans le sud de la péninsule, notamment au Yémen et dans des zones d’influence byzantine ou éthiopienne, avec une théologie influencée par les débats christologiques de l’époque (Trimingham, 1979).
Enfin, un courant monothéiste indépendant existe déjà, incarné par des individus appelés hanîfs, adeptes d’un monothéisme purifié et recherchant une vérité religieuse hors des structures institutionnelles existantes (Rubin, 1995).
Les historiens Patricia Crone (1987) et Gerald Hawting (1999) soulignent que Muhammad (ﷺ) ne prêche pas dans un vide religieux mais au sein d’un contexte fortement influencé par des courants monothéistes antérieurs.
2. Sources sur la vie de Muhammad (ﷺ) : entre mémoire religieuse et critique historique
Les informations historiques sur Muhammad (ﷺ) proviennent principalement de trois catégories de sources :
Le Coran, texte révélé entre 610 et 632 selon la tradition musulmane, qui constitue une source essentielle mais complexe, car il ne contient pas de récit biographique linéaire.
La Sîra, biographies prophétiques dont la plus ancienne nous est connue par Ibn Hishâm (m. 833), lui-même adaptant une version antérieure d’Ibn Ishâq (m. 767). Ces récits biographiques présentent un mélange d’histoire, de légende et de tradition religieuse.
Les Hadiths, recueils de paroles, gestes et décisions attribuées au Prophète (ﷺ), compilés surtout aux IXᵉ–Xᵉ siècles, qui constituent une autre source fondamentale mais soumise à un long processus de transmission orale avant d’être mise par écrit (Cook, 1983).
Les chercheurs modernes (Cook, 1983 ; Motzki, 2000) analysent ces sources avec une grande prudence méthodologique, soulignant que leur compilation tardive et leur orientation religieuse imposent une approche critique attentive, sans toutefois nier leur pertinence historique fondamentale.
3. Muhammad (ﷺ) avant la révélation : enfance, jeunesse et contexte familial (570–610)
a) Enfance et jeunesse d’un homme
Muhammad (ﷺ) naît autour de l’année 570 dans le clan des Hâshim, tribu des Quraysh, à La Mecque. Il devient orphelin très tôt : son père, ‘Abd Allâh, meurt avant sa naissance, sa mère Âmina décède alors qu’il n’a que six ans (Lings, 1983).
Élevé d’abord par son grand-père ‘Abd al-Muttalib, puis par son oncle Abû Tâlib, Muhammad (ﷺ) grandit dans un contexte économique et social modeste, devenant commerçant caravanier, réputé pour son honnêteté exemplaire (al-Amîn) au sein de sa communauté (Watt, 1953).
À l’âge de 25 ans, il épouse une riche commerçante veuve, Khadîja bint Khuwaylid, dont le soutien matériel et spirituel jouera un rôle décisif dans sa vie ultérieure (Lings, 1983).
b) La première révélation (610) : début d’une mission prophétique
À l’âge de 40 ans, en l’an 610, lors d’une retraite spirituelle dans la grotte de Hirâ’ près de La Mecque, Muhammad (ﷺ) reçoit, selon la tradition musulmane, la première révélation divine transmise par l’ange Gabriel (Jibrîl). Le premier message coranique révélé insiste sur l’unicité de Dieu, l’importance du savoir et la soumission volontaire (islâm) à Dieu :
(Traduction approximative du Coran sourate 96 Al Alaq / l'adhérence)
« Lis au nom de ton Seigneur qui a créé ! Il a créé l’homme d’une adhérence. Lis, et ton Seigneur est le Très Noble qui a enseigné par la plume. Il a enseigné à l’homme ce qu’il ignorait. » (Coran, 96:1–5)
Pour les croyants, cet événement constitue le début d’une révélation divine authentique et inaltérée. Pour les historiens critiques, cet épisode marque surtout le début d’une profonde réforme religieuse et sociale, dans un contexte traversé par des idées monothéistes, où Muhammad (ﷺ) émerge d’abord comme un réformateur religieux porteur d’un message à vocation universelle (Watt, 1961 ; Donner, 2010).
4. Le rejet initial à La Mecque : opposition, persécution et tensions sociales (610–622)
a) Le message prophétique comme défi à l’ordre établi
Après ses premières révélations, Muhammad (ﷺ) commence à prêcher d’abord discrètement puis publiquement à La Mecque. Le cœur de son message repose sur trois éléments fondamentaux :
Tawḥîd (unicité divine) : rejet radical des divinités tribales vénérées par les Quraysh autour de la Ka‘ba (Hawting, 1999).
Justice sociale : appel à l’équité, au soutien des pauvres et critique des pratiques économiques injustes des élites (Watt, 1953).
Responsabilité personnelle devant Dieu : chaque individu répondra seul devant Allah de ses actes, remettant ainsi en cause les hiérarchies tribales traditionnelles (Donner, 2010).
Pour Montgomery Watt (1953), ce message constitue une « révolution éthique et sociale » en rupture avec les structures tribales et économiques dominantes à La Mecque.
b) La persécution par les Quraysh
Ce message bouleverse rapidement l’ordre politique, économique et religieux établi. Les élites mecquoises, notamment Abu Jahl et Abu Lahab, voient dans ce discours prophétique une menace directe contre leurs privilèges, leur autorité et le commerce lié au sanctuaire polythéiste de la Ka‘ba (Ibn Hishâm, VIIIᵉ s.).
Dès lors, les musulmans sont victimes de persécutions, boycott social et violences physiques. Plusieurs compagnons de Muhammad (ﷺ) fuient en Abyssinie (actuelle Éthiopie), accueillis par un roi chrétien bienveillant (Negus) vers 615 (Donner, 2010).
5. L’Hégire (622) : vers la fondation d’une communauté politique et spirituelle
a) Migration à Yathrib (Médine)
Face à l’hostilité grandissante à La Mecque, Muhammad (ﷺ) accepte l’invitation des habitants de Yathrib, oasis située à 400 kilomètres au nord. En septembre 622, il quitte clandestinement La Mecque avec son compagnon Abu Bakr, événement appelé Hégire (Hijra), considéré comme le point de départ du calendrier musulman (Kennedy, 2007).
Selon l’historien Fred Donner (2010), cette migration est décisive car elle transforme un groupe minoritaire persécuté en une communauté organisée, autonome et politiquement indépendante.
b) Établissement d’une société islamique à Médine
À Yathrib, rebaptisée al-Madîna (« la Cité du Prophète »), Muhammad (ﷺ) devient simultanément chef religieux, politique et militaire. Il rédige, selon les traditions anciennes, une charte (Constitution de Médine, Sahîfat al-Madîna), garantissant la coexistence entre musulmans, juifs et groupes tribaux locaux (Lecker, 2004).
Ce texte novateur établit un cadre juridique régulé par la révélation coranique, préfigurant la future législation islamique (sharî‘a) (Lecker, 2004).
6. Conflits avec La Mecque : batailles, trêves et conquête finale (624–630)
a) Une série de conflits militaires et politiques
La constitution de la communauté islamique à Médine entraîne une série de confrontations militaires avec La Mecque :
Bataille de Badr (624) : victoire décisive des musulmans malgré leur infériorité numérique. Cette bataille est considérée comme un signe divin de légitimation du message prophétique (Donner, 2010).
Bataille d’Uhud (625) : défaite partielle des musulmans, soulignant les tensions internes et les fragilités militaires du jeune État (Ibn Hishâm, VIIIᵉ s.).
Bataille du fossé (Khandaq, 627) : échec du siège mecquois contre Médine, renforçant le prestige politique de Muhammad (ﷺ).
En 628, une trêve (Traité de Hudaybiyya) est conclue entre Muhammad (ﷺ) et les Quraysh, marquant une étape décisive vers une paix temporaire (Donner, 2010).
b) Conquête pacifique et définitive de La Mecque (630)
La trêve rompue par les Mecquois en 630, Muhammad (ﷺ) mobilise une force de 10 000 hommes et entre à La Mecque sans résistance majeure. Selon les traditions islamiques, il purifie la Ka‘ba en détruisant les statuts des idoles polythéiste, proclamant la victoire définitive du monothéisme islamique dans toute la péninsule arabique (Watt, 1961).
La prise pacifique de La Mecque est souvent présentée par les historiens comme l’affirmation de la maturité politique du mouvement islamique, alliant fermeté stratégique et générosité dans la victoire (Kennedy, 2007).
7. Perspectives historiques et religieuses : convergence et divergence
a) Vision religieuse musulmane traditionnelle
Pour les musulmans, Muhammad (ﷺ) est le « Sceau des prophètes » (khâtim al-anbiyâ’) : il clôt définitivement le cycle prophétique entamé avec Adam (premier prophhète), poursuivi par nombreux prophètes dont Abraham, Moïse, et dont l'avant dernier prohète est Jésus.
Le Coran lui-même exhorte les croyants à suivre son modèle de vie (uswa hasana, « beau modèle ») comme exemple parfait d’éthique, de spiritualité et de gouvernance (Coran 33:21).
b) Lectures critiques contemporaines
L’approche historique critique, représentée par des chercheurs comme Patricia Crone, Fred Donner ou Angelika Neuwirth, considère Muhammad (ﷺ) comme une figure historique majeure, qui a profondément réformé les structures sociales et religieuses de son temps.
Fred Donner (2010) souligne que l’islam initial était un « mouvement de croyants » inclusif, rassemblant monothéistes divers, avant de devenir une religion plus structurée.
Angelika Neuwirth (2019) insiste sur l’originalité littéraire et spirituelle du Coran comme texte majeur de la tradition abrahamique, marqué par un dialogue profond avec les traditions bibliques antérieures.
Conclusion
En vingt-trois ans seulement (610–632), Muhammad (ﷺ) transforme radicalement la société arabe tribale, posant les bases d’une nouvelle foi monothéiste à vocation universelle, tout en construisant une communauté politique organisée.
Pour les croyants, il demeure le dernier messager divinement guidé. Pour les historiens, il est une figure ayant modifié le cours de l’Histoire mondiale par sa réforme religieuse, son génie politique et son leadership (Watt, 1961 ; Donner, 2010).
Ainsi, l’islam apparaît dès ses origines comme une foi enracinée dans une histoire concrète, tout en affirmant un message spirituel universel transcendant les contextes historiques et culturels particuliers.
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